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ChroniqueIl est vrai que Musiclassroom ne s 'est pas suffisamment penché sur les courants Rap et Hip hop ces derniers temps. Pourtant nous venons de découvrir le dernier album du très talentueux Kendrick Lamar, sorti en Mars 2015 et qui reste à nos yeux l'un des meilleurs album du genre. "To pimp a butterfly" est un véritable feu d'artifice, la synthèse de nombreux courants tels que le rap, la soul, le hip hop, le jazz.Kendrick Lamar n 'en est qu'à son deuxième album, pourtant nous décelons là un talent indéniable nourri d'originalité, de fraîcheur et d'invention, ce qui devient rare dans les courants Rap et Hip hop actuels qui restent généralement figés dans des stéréotypes plus que "réchauffés"... "Wesley's theory" ouvre l'album par une mélodie soul en Fa#, sur fond de vieux disque vinyl, mais la transition est brutale sur une basse lourde, choeurs à l'unisson et ambiance de glockenspiel, synthés vintage et effets hallucinants. "For free" est un interlude qui débute sur un accord tenu de choeur gospel, et part de suite sur un rythme jazz swing endiablé sur lequel vont se greffer des voix rap. Là on se croirait dans un des titres de quincy jones, issu du célèbre album "Back on the block". "King Kunta" est dans la plus pure tradition dur rap New yorkais. Basse lourde, boucle de drums régulière et tranchante, sur laquelle la voix rap est intercepté par des chors féminins. Des nappes synthés viennent renforcer l'harmonie un peu plus tard en Mi mineur. "Institutionalized" commence par une boucle de drums soutenue par des nappes de type "chill out" sur laquelle une voix rap détunée dans l'aigu viendra se greffer. "These walls" installe une rythmique par des claquements de doigts, le rap démarre, entrecoupé d'un gémissement de voix féminine et accompagnée par un piano classique. "U" démarre sur des cris en écho, noyés dans un accompagnement d'instruments divers ( sax jazzy, solo de guitare, echos divers ), ambiance "flip" garantie. "Allright" s'ouvre sur un sample de choeur à la "Quincy Jones", scandé par un sax jazzy et une rythmique "jungle" qui démarre alors quelques mesures plus loin. Le deuxième interlude de l'album "For sale ?" paraphrase le titre précédent sur un sample de choeur "soul" sur le quel un souffle vocal introduit une rythmique toute latine au "guirro". "Momma" débute par une ambiance"années 80" ou un rap et une voix "soul" se contrepointent et nous plonge dans l'atmosphère des artistes américains de la motown. "Hood politics" introduit un piano wurlitzer dans une ambiance Stevie Wonder des eightee's sur 2 accords : Si maj7 - Db maj/Mib, accompagnat une voix rap "radio". "How much a dollar cost" débute sur 3 accords de piano aux couleurs hispanisantes : ( Fa maj - Solb Maj / F - Lab maj / F ), accompagnés d'une rythmique totalement décalée dont la caisse claire est un clap à grosse réverbération largement utilisé dans les titres des années 80. "Complexion" reste dans l'ambiance des années 80 avec une boucle de drums lourds et tranchants et un clap sur les second et quatrième temps utilisant une réverbération large comme le titre précédents. Là encore, les choeurs utilisent fréquemment les arrangements soul-jazz. "The blaker the berry" nous ramène dans l'ambiance d'un rap très actuel déjà entrevu dans le titre d'ouverture de l'album "Wesley's theory" dans une ambiance inquiétante, irréelle. Ambiance Quincy Jones pour le très jazzy-soul "You ain't gotta lie" qui utilise une mélodie de synthé au "Pitch bend" si en vogue dans les années 80. Mention spéciale pour "I" qui sonne la révolte des noirs Américains, thème central de l'album. Le titre débute par une foule en colère sur laquelle vient se gréffer une guitare funky de deux accords : Fa min 7 et Do 7 sus4. "Mortal man" renoue de nouveau avec l'ambiance vintage par l'utilisation de choeur déphasé et l'on se prend a rêver d'une ambiance à la Weather report contrepointée par des instruments à percussion de type marimba, xylophones, pianos.
Conclusion: Cet album est un vrai bijou d'inventions, de rap expérimental et d'atmosphères inédites qu'il serait dommage de manquer. Nous sortons enfin des stéréotypes hip hop habituels et nous rendons hommage à cet artiste, qui, n'en doutons pas, va faire vraiment parler de lui.
Yves Feger (Compositeur)
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